Article originalPratiques contraceptives et incidence des grossesses chez des femmes après un dépistage VIH à Abidjan, Côte d’IvoireContraceptive use and incidence of pregnancy among women after HIV testing in Abidjan, Ivory Coast
Introduction
En décembre 2006, 59 % des adultes infectés par le VIH en Afrique subsaharienne étaient des femmes en âge de procréer [1]. Dans le contexte africain où le dépistage du VIH est encore peu répandu [2], la plupart de ces femmes découvrent leur infection au cours d’une grossesse, dans le cadre des programmes de prévention de la transmission mère-enfant (PTME) du VIH. La réduction de la transmission mère-enfant du VIH par des traitements en peri- et intrapartum constitue la composante la plus développée des programmes de PTME en Afrique. En plus de ces traitements de péripartum, la réduction de la transmission mère-enfant du VIH passe aussi par la prévention des grossesses non désirées ou rapprochées chez les femmes qui se savent infectées par le VIH [3], [4].
L’effort de prévention des grossesses non désirées est particulièrement important dans le contexte de l’Afrique subsaharienne : les taux de fécondité sur ce continent sont les plus forts du monde [5] et la prévalence contraceptive moderne demeure encore peu élevée, en particulier dans les régions Ouest et Est [6]. Dans les communautés où l’allaitement prolongé est courant, celui-ci joue un rôle non négligeable dans le contrôle de la fécondité en retardant le retour des règles après l’accouchement [7]. Or, dans le cadre de la PTME du VIH, des alternatives à l’allaitement maternel prolongé sont proposées aux mères infectées pour éviter la transmission du virus par le lait maternel. Généralement, il est conseillé aux mères séropositives (VIH+) de ne pas allaiter ou de sevrer précocement leur enfant [8]. Ces alternatives nutritionnelles sont susceptibles d’avoir des implications sur la fertilité des femmes en réduisant la période d’infécondabilité post-partum [9] et peuvent donc conduire à une réduction de l’intervalle entre grossesses en l’absence d’une contraception efficace.
Dans les programmes de PTME en Afrique, un des enjeux majeurs est donc que les femmes qui apprennent au cours de la grossesse qu’elles sont infectées par le VIH adoptent une contraception efficace dès le post-partum immédiat. Dans le programme de recherche en PTME Ditrame Plus mené à Abidjan, Côte d’Ivoire, entre 2001 et 2005, le test de dépistage pour le VIH a été proposé systématiquement dans des consultations prénatales. Après l’accouchement, les femmes ont été suivies pendant deux ans, au cours desquels un éventail de méthodes contraceptives leur était proposé. Dans cette étude, nous avons mesuré la pratique contraceptive et l’incidence des grossesses au cours de ces deux ans, et nous les avons comparés entre femmes infectées par le VIH et femmes non infectées.
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Population
Le projet Ditrame Plus est un programme de PTME multidisciplinaire réalisé à Abidjan de 2001 à 2005 et décrit en détail précédemment [10], [11]. Dans le cadre de ce programme, le test de dépistage pour le VIH a été proposé systématiquement aux femmes enceintes âgées de 18 ans ou plus venant en consultation dans sept cliniques prénatales situées dans deux quartiers populaires d’Abidjan [12]. Les femmes qui ont découvert leur infection à l’issue du test (femmes VIH+) ont été incluses dans le
Caractéristiques des femmes à l’inclusion et données de suivi
De mars 2001 à juin 2003, 980 femmes dépistées en consultations prénatales (et ayant accouché) ont été incluses dans Ditrame Plus. Vingt-trois femmes (2,3 %) perdues de vue avant la visite à un mois post-partum ont été exclues. Après avoir exclu 18 femmes (1,8 %) restées sans partenaires tout au long du suivi, 939 femmes dont 546 VIH+ et 393 VIH− étaient éligibles pour l’analyse. Leurs caractéristiques sociodémographiques à l’inclusion ainsi que le partage du statut VIH de la femme avec son
Discussion
Au cours des différentes visites de suivi à partir du sixième mois post-partum, les proportions de femmes ayant recours à la contraception moderne sont restées supérieures à 50 %, tant chez les femmes infectées par le VIH que chez les femmes non infectées. Dans une enquête menée en 2000 dans une population de femmes consultant dans les mêmes centres de protection maternelle et infantile (PMI) à Abidjan, seules 6 % des femmes utilisaient une contraception moderne dans le post-partum au moment de
Conclusion
Les conseils en planification familiale, la fourniture de méthodes contraceptives et un suivi régulier ont été accompagnés d’une pratique contraceptive élevée après l’accouchement chez des femmes dépistées dans le cadre d’un programme de PTME. L’incidence des grossesses, en particulier des grossesses non désirées, a baissé par rapport au projet de PTME mené cinq ans plus tôt. L’intégration de services de planification familiale de qualité dans le suivi post-partum des programmes de PTME paraît
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Voir Annexe 1.